Les 100 000 façons de tuer quelqu'un

Paroles et musique : Félix Leclerc

Sur les 100 000 façons de tuer quelqu'un,
La plus dangeureuse, c'est le coup d' fusil.
La plus onéreuse, c'est le coup d' canon.
Ça d'mande une équipe entraînée au bruit.
Y a toujours la corde, dite de pendaison.
Pour le noeud coulant, faut avoir le don.

Sûr que la noyade attire les moroses
Mais, pas garantie, parc' que l'eau réveille.
Y a l' bon vieux poison, mais là, faut la dose.
Pas assez, tu dors, un peu trop, tu veilles.
Le gaz est plus propre, pas de commentaires
Mais à tout instant, gare aux courants d'air.

Non ! Je crois que la façon la plus sure de tuer un homme,
C'est d' l'empêcher de travailler en lui donnant d' l'argent.

Le rasoir, ma foi, cette salop'rie,
A ses fanatiques, parc' que c'est tranchant.
La hache, le couteau et la scie, aussi,
Mais c'est un domaine bourré d'accidents.
Très peu efficace est la collision.
Ça brise une face, laisse des lésions.

Pour mourrir de soif, faut la volonté,
Le dégout de l'eau, surtout la santé.

Non, j'y tiens, la meilleure façon de tuer un homme,
C'est d' le payer à ne rien faire.

Entre mourir d'amour ou bien mourir de rire,
La plus achalandée, c'est difficile à dire.
Les deux finissent en spasmes,
En soubresauts, en transes,
Mais les deux sont jolies.
Le rire, toujours comique,
Et l'autre, romantique.

La chaise électrique, c'est très indécent.
Sauter dans le vide n'est pas toujours prudent.
Étrangler quelqu'un, c'est perdre ses sens.
Le trancher c'est pire : c'est le sans d'ssus d'ssous.

Non vraiment, je reviens à mon sentiment premier :
L'infaillible façon de tuer un homme,
C'est d' le payer pour être chômeur
Et puis c'est gai : dans une ville,
Ça fait des morts qui marchent.