A Brassens

Est-ce un reflet de ta moustache
Ou bien tes cris de "Mort aux vaches!"
Qui les séduit ?
De tes grosses mains maladroites,
Quand tu leur mets dessus la patte,
C'est du tout cuit.

Les filles de joie, les filles de peine,
Les Margoton et les Germaine,
Riches de toi
Comme dans les histoires anciennes,
Deviennent vierges et souveraines
Entre tes doigts.

Entre tes dents, juste un brin d'herbe,
La magie du mot et du verbe
Pour tout décor.
Même quand tu parles de fesses
Et qu'elles riment avec confesse,
Ou pire encor.

Bardot peut aligner les siennes.
Cette façon d'montrer les tiennes
N'me déplaît pas
Et puisque les dames en raffolent,
On n'peut pas dire qu'elles soient folles,
Deo gratias.

Toi, dont tous les marchands honnêtes,
N'auraient pas, de tes chansonnettes,
Donné deux sous,
Voilà, qu'pour leur déconfiture,
Elles resteront dans la nature
Bien après nous.

Alors qu'avec tes pâquerettes
Tendres à mon coeur, fraîches à ma tête
Jusqu'au trépas,
Si je ne suis qu'un mauvais drôle,
Tu joues toujours pour moi le rôle
De l'Auvergnat.