L'adresse du bonheur

Paroles d'Henri Gougaud

Le jour où un oeil froid, un arbre échevelé
Emerge de la brume en ébrouant ses branches,
Les trottoirs de Paris rechaussent leurs souliers,
On rêve encore un peu d'une aube toute blanche.
Les gares grises s'ouvrent aux regards exilés.

Dis-moi l'adresse du bonheur.

Je sors, les yeux gonflés d'un rêve éblouissant.
Sur la rumeur du monde, à peine, je surnage.
J'étais dans les nuées, je descends, je descends.
Un transistor me crache une bordée d'orages.
Dans mon regard, se noient des millions de passants.

Dis-moi l'adresse du bonheur.

J'aimerais me saouler d'une goulée d'air pur,
Droit sous des palmeraies que le soleil parfume,
Boire, loin de Paris, l'alcool de l'aventure,
Là-bas, dans l'or du sable et l'argent de l'écume,
Là-bas, tellement loin qu'on dirait le futur.

Dis-moi l'adresse du bonheur.

Je marche, malgré l'ordre et le poids du travail,
Et jeudi midi sonne aux clochers des usines,
Hors des chemins battus je cherche mon bercail,
L'enfant Fraternité dans les rues sans vitrines
Pour tout illuminer d'un rire de corail.

Dis-moi l'adresse du bonheur, enfant,
Dis-moi l'adresse du bonheur.