Don Juan
Ce qu'il faut dire de fadaises
Pour voir enfin du fond d'son lit,
Un soutien-gorge sur une chaise,
Une paire de bas sur un tapis,
Nous, les coureurs impénitents,
Nous, les Don Ju Ju, nous les Don Juan !
Mais chaque fois que l'on renifle
La piste fraîche du jupon,
Pour un baiser, pour une gifle,
Sans hésiter nous repartons,
La main frôleuse et l'oeil luisant,
Nous les Don Ju Ju, nous les Don Juan.
Le seul problème qu'on se pose,
C'est d'séparer en deux portions
Cinquante-cinq kilos de chair rose
De cinquante-cinq grammes de nylon.
C'est pas toujours un jeu d'enfant
Pour un Don Ju Ju, pour un Don Juan !
Le mannequin, la manucure,
La dactylo, l'hôtesse de l'air,
Tout est bon pour notre pâture.
Le fruit soit mûr ou qu'il soit vert,
Faut qu'on y croque à belles dents,
Nous les Don Ju Ju, nous les Don Juan.
Mais il arrive qu'un coeur s'accroche
Aux épines d'une jolie fleur,
Ou qu'elle nous mette dans sa poche
Sous son mouchoir trempé de pleurs.
C'est le danger le plus fréquent
Pour un Don Ju Ju, pour un Don Juan.
Nous les coureurs du tour de taille,
Nous, les gros gros coeurs de souris,
Ils ôtent alors l'idée de bataille
Ou bien marchent vers la mairie
Au bras d'une belle maman.
Pauvre Don Ju Ju, pauvre Don Juan.
Nous tamiserons les lumières,
Même quand la mort viendra sonner,
Et nous dirons notre prière
Sur un chap'let de grains de beauté
En attendant le jugement,
Nous les Don Ju Ju, nous les Don Juan.