La gigue

Paroles et musique : Félix Leclerc

Quand le mari s'est noyé,
Sa femme giguait au bord de l'eau.
Quand le mari s'est noyé,
Chez Pierre, il faisait chaud.

Quand le mari s'est noyé,
Il était avec le Gros-Louis.
Quand la barge a chaviré,
Gros-Louis s'est réchappé.

À la gigueuse il a dit :
« Vient de se noyer, ton mari. »
Elle a dit : « Qu'est-ce que tu dis ?
Moi, j' danse toute la nuit. »

Gros-Louis a dit : « Ma chérie,
C'est avec moi qu' tu vas danser. »
Par le jupon, il l' a prise
Et s'est mis à tourner.

Tout' la nuit, on a tourné
Ils étaient tous deux enlacés
Ainsi jusqu'au p'tit matin
Dans l'étroit magasin.

Donc, Pierre a dit à Gros-Louis :
« Je crois que c'est assez tourné.
Lâch' la femme de ton ami.
Vois qu'elle est fatiguée. »

Gros-Louis a fini son pas.
Il s'est arrêté près d' la porte,
A desserré ses deux bras :
Est tombée,
Est tombée,
Est tombée...
Une morte.