La guerre

Croupissez machines de guerre,
Des tonn' et des tonn' de fer,
Entreposées, prêtes a rugir,
Prêtes à rougir
La terre.

Congénère contre con
Génère une rime en on.
Prévert nous l'a pourtant bien dit :
"Quelle connerie,
La guerre."

Sournoiseries nucléaires,
Sous-marins de poche-revolver,
Bonbons napalm, goût chimique,
Panoplies de sapeur-panique.
On n'arrête pas l'imaginaire
Pour se faire sauter la caf'tière,
100 fois d' quoi s'envoyer en l'air,
De quoi descendre le soleil,
De quoi éteindre
Le ciel.

C'est moi l' plus fort nananère.
Quelle pâtée on vous a mis'.
Des tonn' et des tonn' de fer
Dans la chair
Ennemie.

Mais tapez-là, cher confrère.
Vous n'étiez pas mal non plus.
Cette fois c'est la der des der,
Avant la prochain' bien entendu.
Les huiles ainsi s'en vont signant
Des traités aux petits oignons,
Après avoir saigné à blanc,
Se partagent terre et pognon,
Trac' des frontières
Bidons.

Secrets de nos piteux états,
L'argent est roi et marche au pas,
Tambourins sous-fifres et tirelires
1, 2, 1, 2, 1, 2 et 3 :
À 4 on tire
Dans l' tas.

Croupissez machines de guerre
Dans les hangars de la mémoire.
Basta cessons d' croiser le fer.
Plus de boucheries plus d'abattoirs.
Maint'nant on va baisser le store,
Laisser la conn'rie au vestiaire.
Y' a plus d'amateurs pour ce sport,
Plus personne sous les bannières.
Pourquoi pas la belle utopie ?
Faites un bilan, professionnels,
Un' reconversion réussie.
Faites-vous la paire, faites-vous la belle.
Engagez-vous dans le parti
Qui déclare la guerre à la guerre.
Sortez-vous le nez du kaki.
Il y a des tonnes de choses à faire,
Avec vot' matas et vot' génie,
Pour remettr' en état la Terre.
Rangez tous vos affreux joujoux,
Faites tourner le calumet,
Et foutez-nous
La paix.