L'homme en habit
Paroles : P. Delanoy, D. Modugno
Musique : M. Treppiedi, D. Modugno
Montmartre et sa colline
Ont mis une sourdine.
Les lumières s'éteignent.
La lune, enfin, peut briller.
Quelques rires sonores
Se font entendre encore.
Des filles passent, lasses,
Pressées d'aller se coucher.
Le laitier, seul au monde,
A commencé sa ronde,
Faisant vibrer la nuit
Du bruit de ses bidons
De lait.
Et voici l'homme en habit.
Cet élégant gentilhomme
Porte un chapeau haut-de-forme,
Une cape de soie noire
Et canne à pommeau d'ivoire
Et sur son gilet tout blanc,
Un papillon, un papillon
En tissu bleu.
De sa démarche élégante,
Il descend les rues en pente,
La mine aristocratique
Et le geste mécanique
D'un homme qui ne sait pas
Ni d'où il vient,
Ni d'où il vient,
Ni où il va
Mais voici la lumière
De tristes réverbères
Que l'homme dévore
Comme des lambeaux de nuit.
Une fenêtre baille
Sur un homme qui baille.
Faut qu'il aille au travail.
Il a sommeil et ça l'ennuie.
L'homme en habit s'avance
Vers le fleuve en silence
Et tombe comme une ombre.
Dans le noir qui l'engloutit,
Emportant l'homme en habit,
Cet élégant gentilhomme
Portait un chapeau haut-de-forme,
Une cape de soie noire
Et canne à pommeau d'ivoire
Et sur son gilet tout blanc,
Un papillon, un papillon
En tissu bleu.
Il n'est plus de notre monde
Et descend au fil de l'onde
Comme un poisson fantastique
Sous les pierres des ponts antiques
Et son âme ne sait pas
Ni d'où elle vient,
Ni d'où elle vient,
Ni où elle va.
Adieu, adieu, adieu gentilhomme.
C'est une charmante idée
D'avoir mis pour voyager
A travers l'éternité
Ton costume de marié.
Adieu.