Maudite enfant
Paroles : Jean-Loup Dabadie
Musique : Serge Reggiani
De cette phrase de Baudelaire
Qui est sortie à pas de loup,
Maudite enfant gâtée,
Dans une fête populaire
Il a fallu que je te trouve,
Maudite enfant glacée.
Je vivais seul, Boulevard du Spleen
Et, fou de ton indiscipline,
J'ai jeté mon passé.
Tu a repeint mes murs en lilas
Et, un beau jour, tu n'es plus là.
Il ne s'est rien passé.
Simplement, les passants se sont tous arrêtés dans la rue.
Simplement, les oiseaux se sont tous arrêtés dans le ciel.
J'ai rangé ces images dans les tiroirs de ma raison.
J'ai rangé ton visage dans les miroirs de ma maison.
Simplement, les arbres se sont tous arrêtés de bouger.
En même temps, les enfants se sont tous arrêtés de jouer.
J'ai changé de maison en emportant le paysage.
J'ai changé de raison, je n'ai plus le même visage.
Je pouvais faire le tour du globe.
Partout ton image restait
Prise dans chaque glace
Et ton ombre, comme une robe,
A tous mes gestes s'accrochait.
Je me disais : « elle passe... ».
Un soir de lune où j'étais ivre,
Où tu es rentrée à pas de louve,
Maudite enfant glacée
Et tu t'es glissée dans le lit,
Attendant que je te découvre
Comme si de rien n'était.
Simplement, les passants se sont mis à marcher dans la rue.
Simplement, les oiseaux ont repris leurs allées et venues,
Les oiseaux dans le ciel et moi, je me disais : « c'est elle »
Et si je ne la garde au moins, au moins je la regarde.
Simplement, les arbres, comme avant, sous le vent ont dansé
En même temps que là-bas les enfants, soudainement, ont joué.
Alors, mon cher otage, oubliant ton âge et ma peine,
Ma femme, ma belle aubaine je me suis couché à tes pieds,
couché à tes pieds.