Maximilien

Paroles : Claude Lemesle
Musique : Serge Reggiani

Et s'il était mort sur la croix,
L'Être suprême en qui je crois,
S'il était le Père et le Fils ?
Si le bon Dieu des ci-devant
Passait dans le soleil levant
Quand le bourreau fait son office ?
Et si les prêtres réfractaires
Avaient, seuls, compris les mystères,
Si c'était vrai, leurs oraisons ?
Le doute, le doute, parfois
Est plus solide que la foi.
Et si le doute avait raison ?

Ainsi pensait Maximilien,
Dans la charrette du silence,
Avant que le couteau s'élance,
Les mains non jointes sous les liens.

Si l'enfant vertueux d'Arras
Etait né de la même race
Que Danton, son frèr' corrompu ?
Si j'avais obéi à la
Soif de pouvoir comme Attila,
En croyant fair' ce que j'ai pu ?
Si la Commune et la Terreur
Avaient été moins qu'une erreur,
Un crime ou un péché d'orgueil
Et si les rois, les girondins,
Venaient fouler avec dédain
Mon cimetière sans cercueil ?

Ainsi pensait Maximilien,
Un instant avant le silence,
Avant que le couteau s'élance,
Les mains non jointes sous les liens.

Et si le peuple souverain,
Le peuple pur au coeur d'airain
N'était pas ce que dit Rousseau ?
Et si mon âme se trompait.
S'il y avait des petits Capet
Dans les ruelles et les ruisseaux ?
Si la colère et la vertu
Qui m'ont conduit et qui me tuent
N'étaient pas de l'humanité ?
Si, à l'heure où la vie défile,
J'apercevais Fouquier-Tinville
Me reprochant mes vérités ?

Ainsi pensait Maximilien,
Un soupir avant le silence,
Avant que le couteau s'élance,
Les mains non jointes sous les liens.