Montréal

Paroles : Pierre Huet
Musique : Robert Léger
(1974)

C'est pas facile d'être amoureux à Montréal.
Le ciel est bas, la terre est grise, le fleuve est sale.
Le Mont-Royal est mal à l'aise, il a l'air de trop.
Westmount le tient serré dans un étau.

Il y a des quartiers où le monde veille sur le perron.
Il y a un bonhomme qui en a fait une belle chanson.
Dans ces bouts-là, les jeunes se tiennent au fond des cours.
Ils prennent un Coke, ils prennent une bière, ils font l'amour.

Où j'suis né, il y avait un arbre tous les vingt pieds.
Ça fait vingt ans depuis ce temps-là, ils les ont coupés.
Ma première blonde, je l'ai rencontrée dans un hangar.
On jouait à guerre, elle était espionne, moi j'étais mort.

Assis sur les marches de l'escalier du restaurant,
J'ai dépensé une bonne partie de mes quinze ans
Avec mon chum Ti-Gilles, avec le grand Paquette.
On agaçait les filles pis on s'appelait tapettes.

Quand j'étais jeune, j'ai eu de la peine, j'ai bien braillé.
J'ai cru mourir quand ma Mireille, elle m'a laissé.
Elle m'avait dit qu'un jour peut-être elle m'appellerait,
Quand ses parents seraient partis pour le chalet.

Pis c'est arrivé, il fallait ben qu'un jour ça vienne.
Un soir de pluie au coin de Beaubien pis de la 9e,
Des fois j'y repense, je revois la fille pis là j'me dis :
"C'était sans doute le plus beau jour de ma vie."

Aujourd'hui, à Montréal, j'suis en amour.
Je t'aime comme un fou puis je vais t'aimer, t'aimer toujours.
Je te conte tout ça, écoute-moi bien pendant que ça me pogne,
Assis aux pieds des arbres du Bois-de-Boulogne.