Né en dix-sept à Leidenstadt

Paroles et musique : Jean-Jacques Goldman

Et si j'étais né en dix-sept à Leidenstadt,
Sur les ruines d'un champ de bataille,
Aurais-je été meilleur ou pire que ces gens,
Si j'avais été allemand ?

Bercé d'humiliation, de haine et d'ignorance,
Nourri de rêves de revanche,
Aurais-je été de ces improbables consciences,
Larmes au milieu d'un torrent ?

Si j'avais grandi dans les docklands de Belfast,
Soldat d'une foi, d'une caste,
Aurais-je eu la force, envers et contre les miens,
De trahir, tendre une main ?

Si j'étais née blanche et riche à Johannesburg,
Entre le pouvoir et la peur,
Aurais-je entendu ces cris portés par le vent :
"Rien ne sera comme avant." ?

On saura jamais c'qu'on a vraiment dans nos ventres,
Caché derrière nos apparences.
L'âme d'un brave ou d'un complice ou d'un bourreau ?
Ou le pire ou le plus beau ?
Serions-nous de ceux qui résistent ou bien les moutons d'un troupeau,
S'il fallait plus que des mots ?

Et si j'étais né en 17 à Leidenstadt,
Sur les ruines d'un champ de bataille,
Aurais-je été meilleur ou pire que ces gens,
Si j'avais été allemand ?

Et qu'on nous épargne à toi et moi si possible très longtemps
D'avoir à choisir un camp.