On s'aime

Paroles : Claude Lemesle
Musique : Serge Reggiani

Ces deux zazous sur la photo,
Fiers devant leur première auto,
Voyage de noces à Barbizon, vingt ans,
Ces deux zazous endimanchés
Ressemblent, à bien nous y pencher,
Aux grands-parents de nos petits-enfants.

Regarde, nos regards ont rajeuni.
Si nos yeux sont toujours les mêmes
Et depuis le papier jauni,
On a nos âmes en harmonie.
On s'aime...

On s'aime, on s'aide à bien porter
Les rides qui sont la portée
De la chanson du temps qui passe.
On s'adore à corps et à cris.
On se fait la gueule, on s'écrit
Des mots d'adieu que l'on entasse.

On se reproche tour à tour l'ennui,
Le café bouilli, la bohème
Un peu moins papillon de nuit,
Les mèches blanches à nos feuillets,
On s'aime...

Ma fille, ma femme,
Ma peau, mon âme,
Je serais qui, je serais quoi sans toi,
Ma fleur, mon arbre,
Mon sang, mon marbre ?
La mort serait d'être amputé de toi.

Je connais sur le bout du coeur
Tes gestes, tes mots et tes peurs
Et, cependant, tu me surprends toujours,
Mon éternelle inattendue.
Mon hirondelle, m'entends-tu
Te regretter quand tu t'absentes un jour ?

Je me souviens d'un journaliste idiot
Et d'un comédien d'Angoulême,
Malgré les bas, malgré les beaux,
Malgré les couacs dans le duo,
On s'aime...

On s'aime comme deux enfants
A qui la terre le défend,
Qui la défient en s'adorant plus fort.
On s'aime comme deux naufragés
Qui vivent, heureux de voyager
Avant de laisser faire la mer, la mort.

C'est notre seule façon d'exister
Et, jusqu'à nous survivre même,
Tu verras : nous irons sculpter
Sur les murs de l'éternité.
On s'aime...