Le soleil noir

Paroles et musique : Barbara

Pour ne plus, jamais plus, vous parler de la pluie,
Plus jamais du ciel lourd, jamais des matins gris,
Je suis sortie des brumes et je me suis enfuie
Sous des ciels plus légers, pays de paradis.
Oh, que j'aurais voulu vous ramener, ce soir,
Des mers en furie, des musiques barbares,
Des chants heureux, des rires, qui résonnent, bizarres,
Et vous feraient le bruit d'un heureux tintamarre,
Des coquillages blancs et des cailloux salés
Qui roulent sous les vagues, mille fois ramenés,
Des soleils éclatants, des soleils éclatés
Dont le feu brûlerait d'éternels étés

Mais j'ai tout essayé, j'ai fait semblant de croire
Et je reviens de loin
Et le soleil est noir,
Mais j'ai tout essayé, et, vous pouvez me croire,
Je reviens fatiguée
Et c'est le désespoir.

Légère, si légère, j'allais court vétue.
Je faisais mon affaire du premier venu
Et c'était le repos, l'heure de nonchalance.
A bouche que veux-tu, et j'entrais dans la danse.
J'ai appris le banjo sur des airs de guitare.
J'ai frissonné du dos, j'ai oublié Mozart.
Enfin, j'allais pouvoir enfin vous revenir
Avec l'oeil alangui, vague de souvenirs
Et j'étais l'ouragan et la rage de vivre
Et j'étais le torrent et la force de vivre.
J'ai aimé, j'ai brûlé, rattrapé mon retard.
Que la vie était belle et folle mon histoire !

Mais la terre s'est ouverte, là-bas, quelque part,
Mais la terre s'est ouverte
Et le soleil est noir.
Des hommes sont murés,
Tout là-bas, quelque part.
Des hommes sont murés
Et c'est le désespoir.

J'ai conjuré le sort, j'ai recherché l'oubli.
J'ai refusé la mort, j'ai rejeté l'ennui
Et j'ai serré les poings pour m'ordonner de croire
Que la vie était belle, fascinant le hasard
Qui me menait ici, ailleurs ou autre part
Où la fleur était rouge, où le sable était blond
Où le bruit de la mer était une chanson,
Oui, le bruit de la mer était une chanson

Mais un enfant est mort, là-bas, quelque part,
Mais un enfant est mort
Et le soleil est noir.
J'entends le glas qui sonne, tout là-bas, quelque part.
J'entends le glas sonner
Et c'est le désespoir.

Je ne ramène rien, je suis écartelée.
Je vous reviens, ce soir, le coeur égratigné
Car, de les regarder, de les entendre vivre,
Avec eux, j'ai eu mal, avec eux, j'étais ivre.
Je ne ramène rien, je reviens solitaire
Du bout de ce viyage au-delà des frontières.
Est-il un coin de terre où rien ne se déchire
Et que faut-il donc faire, pouvez-vous me le dire ?
S'il faut aller plus loin pour effacer vos larmes
Et si je pouvais, seule, faire taire les armes,
Je jure que, demain, je reprends l'aventure
Pour que cessent, à jamais, toutes ces déchirures.

Je veux bien essayer, et je veux bien y croire
Mais je suis fatiguée
Et le soleil est noir.
Pardon de vous le dire
Mais je reviens, ce soir
Le coeur égratigné
Et c'est le désespoir,
Le coeur égratigné
Et c'est le désespoir,
Le désespoir...