Les trois cloches

Paroles et Musique de Jean Villard
Enregistré le 25 juin 1946
Créé avec Les Compagnons de la Chanson

Village au fond de la vallée,
Comme égaré, presqu'ignoré.
Voici qu'en la nuit étoilée,
Un nouveau-né nous est donné.
Jean-François Nicot qu'il se nomme.
Il est joufflu, tendre et rosé.
À l'église, beau petit homme,
Demain tu sera baptisé...

Une cloche sonne, sonne.
Sa voix, d'écho en écho,
Dit au monde qui s'étonne :
"C'est pour Jean-François Nicot."
C'est pour accueillir une âme,
Une fleur qui s'ouvre au jour,
A peine, à peine une flamme
Encore faible qui réclame
Protection, tendresse, amour...

Village au fond de la vallée,
Loin des chemins, loin des humains.
Voici qu'après dix-neuf années,
Coeur en émoi, le Jean-François
Prend pour femme la douce Élise
Blanche comme fleur de pommier.
Devant Dieu, dans la vieille église,
Ce jour, il se sont mariés...

Toutes les cloches sonnent, sonnent.
Leurs voix, d'écho en écho,
Merveilleusement couronnent
La noce à François Nicot.
"Un seul coeur, une seule âme",
Dit le prêtre, "et, pour toujours,
Soyez une pure flamme
Qui s'élève et qui proclame
La grandeur de votre amour."

Village au fond de la vallée,
Des jours, des nuits, le temps a fui.
Voici qu'en la nuit étoilée,
Un coeur s'endort, François est mort...
Car toute chair est comme l'herbe,
Elle est comme la fleur des champs,
Épis, fruits mûrs, bouquets et gerbes,
Hélas vont en se desséchant...

Une cloche sonne, sonne.
Elle chante dans la mort.
Obsédante et monotone,
Elle redit aux vivants :
"Ne tremblez pas, coeurs fidèles.
Dieu vous fera signe un jour.
Vous trouverez, sous son aile,
Avec la Vie Éternelle,
L'éternité de l'amour..."